J’étais là.
Enfin pas physiquement. Mais j’étais là en direct quand ça s’est passé.
On en discutait il y a quelques jours avec des ami(e)s. C’est un évènement historique que nous n’aurons jamais à apprendre parce que nous l’avons vécu. Ce 11 septembre 2001. Nous étions là. J’étais là. Je me souviens.
Lors de mon voyage à New York en mars dernier, je suis allé à Ground Zero deux fois.
La première fois c’était de nuit. Peu de monde. Quelques passants. Seul le bruit des grues venait troubler le silence de cette fraîche nuit de printemps. J’ai voulu sortir mon appareil, immortaliser l’instant et puis non. Au lieu de ça je suis resté planté là. Devant ce trou béant que je ne pouvais qu’imaginer, les grilles bâchées m’empêchant de voir quoique ce soit.
Je suis resté là et j’ai repensé à cette journée, à ces premières infos reçues sur Yahoo, à ces images qui n’arrêtaient pas de passer en boucle à la télé, à ce vacarme énorme quand elles sont tombées, à ces gens qui sautaient dans le vide, qui couraient dans tous les sens, à cette poussière grise qui envahissait les rues de Lower Manhattan, à ces dizaines de films et documentaires, à ces livres, à ces théories. Je suis resté là, les yeux rivés vers le ciel, vers les grues, vers cette nouvelle tour, essayant d’imaginer ce qui s’était passé. Parce que j’étais là. Et je me souviens.
J’y suis retourné une seconde fois en journée. Beaucoup (trop) de monde. Beaucoup (trop) de bruit. Les grues, les travaux, la circulation. J’ai sorti mon appareil. J’ai fait quelques photos dont celle-ci.
Je me suis rendu au mémorial provisoire, installé à quelques mètres, mix entre un mini musée qui présente un uniforme de pompier, des maquettes et vidéos et une boutique, que j’ai détesté dès le début. Je n’aime pas ce côté faire de l’argent sur une catastrophe. Sur le chemin, une poutre métallique, seul vestige des buildings, le reste ayant été fondu.
Je suis retourné vers Ground Zero. J’ai jeté un œil sur One World Trade Center. Elle a déjà bien grandi. Aussi haute que la tour n°7, première à avoir été reconstruite après cette journée. Tout autour d’elle, des travaux. Un métro en travaux. Un mémorial en travaux. Des buildings en travaux. Des marques indélébiles sur certains immeubles. 10 ans après.
Il y a 10 ans. J’étais là. Je me souviens.
Vu la gueule et la longévité des blessures que ça laisse à certain je me dis que ça ne fait aucun doute que pour eux oussama a gagné.