Chronique d’un racisme ordinaire

21h. Tu sors du métro et marches tranquillement vers la rue où tu habites dans le 11ème arrondissement de Paris.

Tu entends klaxonner depuis le bout de la rue. Tu entends souvent klaxonner depuis chez toi, c’est à se demander si les automobilistes ont vraiment compris à quoi servait cette fonctionnalité sur une voiture. Bref.

Tu identifies la voiture. A son bord, une femme blanche. Pourquoi elle klaxonne ? Tu ne sauras jamais. Sa voiture est stationnée devant une porte de garage, rien ni personne ne la gêne.

Tu montes les escaliers et entends toujours ce bruit strident de klaxon. Tu pestes contre cette femme qui n’a décidément rien compris. Tu rentres chez toi et va fermer les fenêtres, histoire de ne plus entendre les bruits incessants.

Au moment de fermer, tu captes une conversation. Un homme noir, qui vient du centre d’accueil voisin, s’est approché de la voiture de la femme et lui dit gentiment de se calmer sur le klaxon.

Elle monte littéralement sur ses grands chevaux et lui assène cette phrase : “il est tard, j’ai travaillé MOI”. Et alors ?

Parce que tu as travaillé tard, cela t’autorise à klaxonner pendant 10 minutes dans la rue, pour une raison que toi seule connait. Parce que tu as travaillé tard, cela t’autorise à “emmerder” tout le voisinage. Parce que tu as travaillé tard, cela t’autorise à faire sous entendre à cet homme qu’il ne bosse pas lui. Mais que connais tu de lui, que connais tu de sa vie ? Pourquoi sors tu tes préjugés à deux balles devant lui ? Aurais-tu eu le même comportement devant une autre personne ? Beaucoup de questions pour un fait devenu tellement ordinaire.

Un commentaire

  1. Et puis il y a ceux qui aiment bien se monter des histoires sur des faits ordinaires!!
    Elle a crié “moi” donc elle est raciste!

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    • Des faits ordinaires, banals, tellement devenus normaux qu’on n’y fait plus attention c’est ça le problème. Non ce n’est pas le fait qu’elle ait crié “moi” qui l’a rende raciste. Elle ne l’ai probablement pas d’ailleurs je n’en sais rien. Ce qui me choque c’est que ce genre de faits, ce genre de remarques soient devenus quotidien, que ce soit “ok” de traiter une personne comme ça, que “ça passe”, qu’elle se donne le droit de le faire parce qu’elle trouve ça acceptable sans se poser plus de questions.

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