Parfois un matin dans le métro tu restes scotché devant une affiche de cinéma. Plus qu’une affiche c’est plutôt sur des yeux que tu restes scotché, ses yeux. Le week-end arrive et tu décides d’aller voir à quoi ressemble cette actrice de la tête aux pieds. Et tu tombes sans le savoir sur un petit bijou de ciné espagnol.
Le pitch : Carmen est fille de torero. Après le décès de sa mère, son père épouse une infirmière, Encarna, qui comme on s’en doute est très méchante avec Carmen. Après la mort de son père, Carmen s’enfuit et fait la rencontre des 7 nains, enfin plutôt 6, et devient Blanche-Neige. Après quelques temps, elle revient à Séville pour toréer et … oui non en fait c’est très dur de vous résumer le film sans vous dévoiler l’intrigue alors je vais m’arrêter là.
Avant de vous dire pourquoi j’ai adoré ce film, je vais revenir sur deux critiques que j’ai lu plusieurs fois ici et là.
– Non ce film n’a rien à voir avec The Artist, les seuls points communs avec lui sont le noir et blanc et le muet. Comparé Blancanieves et The Artist ce serait comme comparer West Side Story et High School Musical sous prétexte que ce sont deux comédies musicales !
– Non je ne trouve pas que ce film fait l’apologie de la tauromachie. Elle est traitée dans le film car l’action se situe en Espagne où elle est très présente. Je hais la tauromachie mais elle fait partie de la culture espagnole qu’on le veuille ou non et ne pas la montrer au cinéma ou ailleurs serait une erreur. Il vaut mieux qu’elle soit dans la lumière plutôt que dans l’ombre. C’est toujours plus facile de combattre un ennemi quand on peut le voir.
Mais passons au film en lui même.
L’histoire de Blanche-Neige est hyper connue et pourtant Pablo Berger arrive à la traiter différemment. Transposée dans l’Espagne des années 20, Carmencita est une petite fille élevée par sa grand-mère, oubliée par son père, célèbre torero sévillan. Remarié et affaibli, il arrive quand même à avoir des moments très doux avec sa fille quand elle vient vivre chez lui. Adolescente, Carmencita, s’enfuit et trouve refuge auprès de 6 nains (que l’on dirait tout droit sortis du Freaks de Tod Browning) qui parcourent les routes avec leur spectacle de toréro. Elle apprend le métier, revient à Séville sur les terres de son père. Sa belle-mère la reconnait… et puis la pomme tout ça… et ce plan final magnifique sur cette larme…
Les actrices sont d’une beauté renversante, de Carmen de Triana la mère, à Blanche-Neige enfant et adulte en passant par Encarna la belle-mère.
La photographie est splendide. Le noir et blanc apporte toute son émotion, son intensité, sa froideur, sa beauté au film et aux personnages.
Une des choses les plus importantes dans ce genre de film est la bande son qui donne du rythme aux différentes scènes. Là encore, Pablo Berger a su choisir des morceaux qui collent parfaitement à l’ambiance et aux différentes époques. Des morceaux classiques, du flamenco, l’entrée des castagnettes quand l’action s’accélère.
Je suis entré dans la salle de cinéma sans avoir rien lu ni vu sur ce film (pour tout vous dire je ne savais même pas pour le muet et le noir et blanc ^_^). Je suis passé par toutes les émotions possibles durant 1h44. Je suis ressorti avec un sourire vissé sur le visage, le cœur en mille morceaux, les yeux plein d’étoiles, émerveillé comme rarement j’ai été dans une salle obscure ces dernières années, en plein rêve, comme seul le cinéma peut m’en faire faire.